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LA DISPARITION D’UN ANIMAL ICONIQUE : PANTHERA LEO LEO

Depuis plusieurs années, des éleveurs Peuls M’Bororos nomades ou semi-nomades font pâturer leurs troupeaux bovins (principalement de race Akou) très largement à l’intérieur des aires protégées du Nord Cameroun où les troupeaux sont formellement interdits. De nombreuses conséquences dévastatrices ont pu être observées par l’ensemble des gestionnaires des aires protégées au Nord Cameroun, et plusieurs Experts invités sur le terrain.

Les bœufs M’Bororos échappent le plus souvent aux contrôles sanitaires en vigueur et aux campagnes régionales officielles de vaccination. Les bœufs sont ainsi susceptibles de véhiculer de très graves maladies contagieuses pouvant être transmises à la faune sauvage et la décimer.
Ainsi, la peste bovine, la péripneumonie, les maladies charbonneuses et la fièvre aphteuse, peuvent être facilement et largement véhiculées par ces troupeaux nomades ou semi-nomades, parfois considérables en nombre mais aussi par le danger qu’ils représentent tant pour le bétail sédentaire que pour la faune sauvage.

Ce danger existe aussi pour la santé humaine à travers de nombreuses maladies anthropo-zoonotiques mortelles pour l’Homme transmises par ces troupeaux comme la brucellose, la tuberculose, la listériose, la salmonellose, le charbon bactéridien ou encore la redoutable rage.

Les bovins, ovins et caprins étant porteurs des mêmes maladies contagieuses que les Ongulés sauvages (antilopes, buffles, girafes), il en va d’une souveraineté sanitaire globale de repousser et empêcher toute intrusion de bétail dans les réserves cynégétiques et les parcs nationaux du pays, si on veut éviter l’extinction des populations d’espèces sauvages qui en constituent la raison d’être.
La récurrence des incursions des bergers lors de ces dernières années entraîne la disparition rapide des lions, qui sont une rare sous-espèce africaine, le Lion du Nord, Panthera leo leo, qui est en danger immédiat d’extinction au Cameroun et dans le reste de son aire de répartition. En 2023, on estime qu’il reste moins de 400 lions d’Afrique de l’Ouest à l’état sauvage.
Les lions (parmi d’autres prédateurs) préfèrent les proies faciles que constituent les bœufs en transit (ou semi-transit). Des comportements de spécialisation bien connus sur les proies sauvages, les poussent à répéter leurs attaques sur les bœufs domestiques, ce qui constitue un impact économique intolérable pour les bergers qui choisissent d’empoisonner les carcasses de bœufs afin de se débarrasser du « problème ». Tout l’écosystème des « mangeurs de viande » est touché (lions, léopards, hyènes, vautours, chacals, servals, caracals, civettes, etc.).
En sus des multiples exemples confirmés en Tanzanie, au Kenya, en RCA et ailleurs, nous avons nous-mêmes appréhendé des bergers possédant des photos de lions morts sur leurs téléphones.

En parallèle, les populations de chiens domestiques sont en nette progression dans les villages avoisinants les aires protégées. Ils échappent eux-aussi aux contrôles vétérinaires et aux vaccinations, et sont ainsi susceptibles de transmettre des maladies foudroyantes et dévastatrices.

Le lion est une des rares espèces de félidés sensibles et victimes de la terrible maladie de Carré, une pathologie virale presque toujours létale, principalement inféodée aux canidés, mais aussi parfois à d’autres famille de mammifères (comme les hyénidés). Le virus en cause est un paramyxovirus qui occasionne de graves dommages neurologiques, respiratoires et gastro-intestinaux, sans parler des atteintes oculaires et cutanées, notamment sous les coussinets des pattes rendant les déplacements douloureux chez les individus atteints, entraînant leur mort par inanition. La propagation de ce virus est directe, c’est à dire qu’elle s’effectue par contact et par ingestion : les lions se contaminent en dévorant les chiens affaiblis par la maladie et/ou leurs cadavres. Les hyènes sont des espèces beaucoup moins sensibles à la maladie de Carré, contrairement aux lycaons (déjà disparus du Cameroun pour cause de la maladie de Carré), et elles peuvent aussi constituer des vecteurs de la maladie par le fait qu’elles s’approchent des dépôts d’ordures des villages où divaguent les chiens domestiques.
Par contre, les lions y sont très sensibles, et d’autres régions du continent africain ont pu malheureusement le vérifier (constat de la contamination massive des lions par les chiens des populations pastorales qui s’étaient implantées nouvellement à la périphérie des réserves cynégétiques et des parcs nationaux en Afrique de l’Est et Afrique Australe). Les populations de lions ont alors rapidement été décimées par la même transmission directe de cette redoutable maladie virale, presque toujours mortelle chez les espèces atteintes.
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La raison d’être de ce blog est de vous permettre de mieux comprendre les multiples facettes de la conservation de la faune. Vous y trouverez les récits de nos victoires et de nos défaites en toute transparence, de multiples anecdotes sur la faune sauvage et les acteurs clés qui soutiennent nos valeurs et nos actions.

Vous pourrez suivre nos aventures de conservation et prendre part à l’un des plus grands combats de notre siècle.

 Bonne lecture.

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